Un bouleversement s’opéra dans les milieux anabaptistes durant la dernière décennie du XVIIe siècle. Sous la conduite de Jacob Amann (1644 -1730), une soixantaine de familles bernoises viennent s’établir dans la vallée de Sainte-Marie-aux-Mines. Rapidement, Jacob Amann s’offusque du mode de vie et de la discipline qu’il observe parmi les Anabaptistes alsaciens. Pour lui, un pécheur non-repentant doit être exclu de la communion (Cène), mais aussi privé de relations sociales avec les autres membres de l’Assemblée (Die Meidung). Au niveau du culte, il exige le lavement des pieds avant la participation à la Cène et pour la vie quotidienne une présentation plus humble. L’adoption des boutons sur les vêtements à la place des crochets et l’introduction d’habits plus colorés représentent des signes de mondanité. Amann entreprend alors une tournée d’explication en Suisse, mais les Assemblées de ce pays n’ont pas suivi ses recommandations. À la suite de cette querelle de 1693, un nouveau mouvement Anabaptiste voit le jour. Plus tard, surtout aux États-Unis, on désignera ces croyants par le qualificatif d’Amish. Regroupés aux alentours de Sainte-Marie-aux-Mines, leur nombre s’est beaucoup accru. Leur réussite économique fut très rapide. L’administration seigneuriale des Ribeaupierre le reconnaissait bien. Quelques avantages leur furent accordés contre compensation financière : ne pas devoir servir dans les milices (principe de non-violence) ou dans la fonction publique (principe de non-mondanité). La prestation de serment fut remplacée pour eux par la Handtreue (toper de la main). La réussite des Amish ne tarda pas à susciter des convoitises. Certaines personnes eurent des vues sur leurs biens. Elles écrivirent au chancelier de la Cour pour l’avertir de la situation illégale des Anabaptistes en Alsace qui n’étaient pas inclus dans les traités de Munster et d’Osnabrück. Louis XIV fut aussitôt prévenu de l’existence d’Anabaptistes dans son royaume.
En septembre 1712, l’intendant d’Alsace donna l’ordre à tous les baillis de faire sortir, tant Amish que Mennonites, des terres de France. Tous leurs biens furent bradés. Le prince de Birkenfeld se désola de la perte de ses fermiers. Il délivra à chacun un certificat élogieux. Cela leur permit de trouver aisément une nouvelle destination hors du royaume. La communauté s’éparpilla vers plusieurs horizons, Principauté de Montbéliard, Lorraine, Comté de Salm, Val de Villé, Duché des Deux-Ponts. Bien loin d’être affaiblies, les communautés Mennonites / Amish gagnèrent en vigueur en se dispersant, principalement sur le continent américain, mais aussi dans tout l’Est de la France.
Aujourd’hui, et principalement en Amérique du Nord, les Amish rejettent encore des commodités telles que les machines, les voitures ou l’utilisation de l’électricité. Les chevaux et les buggys constituent toujours les moyens de traction et de transport. Ajoutons que les raisons actuelles, expliquant cette manière de vivre, correspondent plutôt à un refus d’adopter le style de vie stressant des sociétés modernes. Le maître mot des Amish est Gelassenheit qui pourrait se traduire par sérénité, simplicité, humilité. Leur désir est de laisser comme témoignage de vie le fait de suivre le Christ dans l’humilité, la paix et la non-violence ainsi que dans l’amour du prochain.
Découvrons à présent les enseignements et pratiques !
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AFHAM
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