Le mouvement anabaptiste à l'origine des Mennonites

Pour expliquer l’origine des Mennonites, il faut partir du mouvement hétérogène anabaptiste, issu du début de la Réforme du XVIe siècle. Quelques années après l’affichage des 95 thèses de Wittenberg, les Réformateurs Luther, Zwingli et leurs disciples se voient mis en question par d’autres Réformateurs, en particulier ceux qui ont soutenu la guerre de Paysans de 1525. En outre, ceux qui seront appelés Anabaptistes sont décidés à aller plus loin dans leur rupture avec leur passé ecclésial et dans leur compréhension radicale de l’autorité de la Bible. L’appellation Anabaptiste est l’équivalent de l’expression allemande Wiedertäufer ou Täufer, ce qui donna dans le patois germanique. À l’origine, il s’agissait d’un sobriquet dont furent affublés l’ensemble des radicaux opposés au principe du baptême d’enfants et qui prônaient un baptême d’adulte pour les croyants, selon Marc 16.16. Ainsi, les Anabaptistes “rebaptisaient” ceux qui l’avaient déjà été une première fois, en tant que nourrissons, dans l’Église Catholique romaine. Ces Anabaptistes du début, bien loin de représenter une entité homogène se répartissaient en diverses tendances qui émergèrent quasi simultanément partout en Europe. Le mouvement dégage alors deux tendances principales : une tendance fanatique et enthousiaste et une tendance baptiste et pacifique.

Une tendance fanatique et enthousiate

Voyant arriver la fin des temps et le jugement dernier, les adeptes de cette tendance voulaient participer, au besoin par la force, à l’édification de la “Nouvelle Jérusalem”. Strasbourg fut même désignée comme le lieu choisi pour le “Règne de mille ans”. L’évolution de ces groupes apocalyptiques, actifs surtout dans le Nord de l’Allemagne et en Hollande, connaîtra un terrible dénouement dans la ville de Münster en Westphalie. Quelques fanatiques, avec à leur tête Jean Mathis et Jean de Leyde, parvinrent à persuader le bourgmestre et son Conseil de leur remettre le gouvernement de la ville. Devenue l’éphémère “Royaume de Sion”, elle vit affluer de nombreux adeptes de toute part. Le prince-évêque et ses seigneurs finirent par assiéger la ville de Münster. Jean de Leyde y faisait régner une atmosphère de terreur et de délire visionnaire. Il instaura peu à peu la communauté des biens, le retour à la polygamie. Après presque deux années de siège, Münster fut investie en juin 1535. La population y fut massacrée et les principaux chefs suppliciés. Ainsi prit fin l’Anabaptisme violent

Une tendance baptiste et pacifiste

Dès les origines, cette autre tendance, contemporaine de la première, s’est surtout développée dans le Sud de l’Allemagne et en Suisse, également en Alsace. C’est à Zurich, autour du Réformateur Zwingli, qu’un petit groupe d’intellectuels, dont Conrad Grebel (1498-1526) et Félix Mantz (1498-1527), ont pu mener leur réflexion. Ils ne tardèrent pas à quitter Zwingli en rejetant les concessions qu’il avait faites avec les autorités de la ville, à propos de la célébration de la cène, du baptême des enfants et des rapports entre l’Église et l’État. En 1525, le Conseil de la ville tenta en vain d’étouffer le mouvement, en expulsant ceux qui pratiquaient le baptême défendu des croyants et en se saisissant de leurs enseignants. Mantz sera exécuté par noyade, dans la Limat à Zurich, deux ans plus tard.

Le mouvement Anabaptiste des Frères suisses était né. Il se propagera très rapidement de ville en ville et dans les campagnes, grâce à ses prédicateurs itinérants. Dans les années qui suivirent, pourchassés, les Frères fixèrent leur confession de Foi. Celle-ci fut discutée et élaborée en 1527, sous la direction d’un ancien moine, Michael Sattler (1495-1527) dans le village de Schleitheim, non loin de Schaffhouse.

Les Frères présents réaffirmèrent dans cette confession de Foi, entre autres, que le baptême ne devait être administré qu’à des croyants, que la discipline fraternelle devait être exercée dans l’Église, que le chrétien ne pouvait pas porter l’épée, ni revêtir de fonction publique et que le serment d’allégeance était défendu par le Christ.

Leur condamnation de toute forme de violence leur a longtemps été reprochée. Quant au serment, les Anabaptistes le considéraient, comme un affront à Dieu, selon la parole de Jésus en Matthieu 5.37. En tous les cas, cela fut un moyen bien commode pour les autorités de détecter rapidement (en vue de l’inculpation) qui était Anabaptiste, lors de l’organisation dans les villages du Schwörtag, la journée du sermen

En plus du mouvement des Frères suisses, il faut aussi mentionner les Huttériens. C’est Jacob Hutter (1500-1536), un Anabaptiste du Tyrol du Sud, qui est à l’origine de ce mouvement. Les Huttériens mettent l’accent sur la communauté des biens, selon Actes 4.32. Aujourd’hui, c’est en Amérique du Nord qu’on trouve encore des Huttériens.

 

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