La tendance pacifiste du mouvement Anabaptiste s’est appelée Mennonite par opposition à la tendance fanatique et enthousiaste du XVIe siècle. En effet, après la catastrophe de Münster, un ancien prêtre du nom de Menno Simons (1496-1561) est parvenu à restructurer les communautés anabaptistes. Menno a d’abord eu des doutes au sujet des sacrements de l’Église Catholique romaine. Il a aussi été pris de compassion pour les Anabaptistes, en butte aux persécutions. Il en est venu à la conclusion que le baptême des enfants ne se trouve pas dans les Écritures, que le Christ enseigne la non-violence et le pacifisme. Menno quitte la prêtrise catholique (1536) et se met dès lors au service des Anabaptistes. Ultérieurement, une régente de la Frise expulsera toutes sortes d’Anabaptistes, mais tolèrera les Mennonites. Ce fut la première fois que le terme Mennonite a été employé et appliqué aux Anabaptistes pacifistes, dans le sillage de Menno.
Dès le début du XVIIe siècle, on assiste, en moyenne-Alsace, à un regroupement des Anabaptistes au sein des terres des Ribeaupierre, où se pratiquait la tolérance religieuse. Après la Guerre de Trente Ans, les autorités locales firent leur possible pour favoriser l’immigration en offrant des terres en friches et des exemptions d’impôts. Mais ce n’est pas cela uniquement qui motiva les Anabaptistes suisses à s’établir dans la plaine d’Alsace. Dans le canton de Zurich, durant les années 1635/36, les Mennonites avaient vu une recrudescence de leurs tourments. Une situation analogue devait se reproduire dans le canton de Berne vers 1670/71. Il ne restait à ces croyants que la solution de l’exil. En fait, leur expatriation fut obtenue, sous la pression des Réformés hollandais et de la noblesse alsacienne, en majorité protestante. Les Anabaptistes, déjà installés en Alsace (Ingersheim et Sainte-Marie-aux-Mines) ont intercédé efficacement, tant auprès de leurs autorités de tutelle qu’auprès de leurs frères Mennonites de Hollande. C’est ainsi qu’a commencé l’immigration suisse des Anabaptistes – Mennonites vers l’Alsace (et le Palatinat). Les Anabaptistes alsaciens, artisans et commerçants, firent peu à peu la place à ces agriculteurs et meuniers venus de Suisse. Pour leur culte, ils obtinrent le droit de se réunir dans des lieux bien définis, souvent une ferme ou un bâtiment isolé. Outre la Bible, les Anabaptistes se servaient aussi d’un recueil de chants, appelé Ausbund. Avec la Révolution française, les Anabaptistes devinrent citoyens français et purent enfin jouir d’une existence légale.
Jusqu’au début du XXe siècle la quasi-totalité des communautés anabaptistes de France (Alsace, Lorraine et Pays de Montbéliard) étaient fortement influencées par le mouvement initié par Jacob Amman, mais ne s’appelaient ni Amish, ni même Mennonite, mais en dialecte Daïfer. Les cultes se faisaient en dialecte bernois jusqu’au moins, la fin du XIXe siècle, même dans les régions francophones. Ce n’est que sous l’influence de réveils spirituels à la fin du XIXe et au début du XXe siècle que l’appellation assemblée évangélique mennonite s’est répandue pour désigner les Églises mennonites de France.
Parlons maintenant des Amish. Un bouleversement s’opéra dans les milieux anabaptistes durant la dernière décennie du XVIIe siècle. Sous la conduite de Jacob Amann (1644 -1730), une soixantaine de familles bernoises viennent s’établir dans la vallée de Sainte-Marie-aux-Mines…
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